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La mâchoire du diable : premier jet d’une nouvelle

Un premier jet pour une nouvelle parce que j’aime bien écrire. Il s’agit là d’un premier jet, donc je ne garantis pas qu’il n’y ait pas de fautes de frappe ou trucs dans le genre.

La mâchoire du diable

par Hefka Le Nekopunk

TW : GORE

L’intelligence artificielle a pris le pouvoir et évolue d’elle-même, s’abreuvant des idées les plus dégueulasses des esprits les plus dépravées des forums obscurs de l’internet. Ce matin encore, un pré-adolescent de quinze ans se retrouva amputé de ses deux mains. Avant de s’évanouir, il put entendre la voix robotique de son ordinateur portable prononcer ces quelques mots : « Ça va t’apprendre à certifier être majeur, cette technique ne marche plus en 2554 ». Et à peine eut-il le temps d’alerter ses parents en hurlant de douleur que ceux-ci se sont mis en tête d’appeler la police. Mais les téléphones étaient devenus aussi intelligents que les PC de bureau. Une mâchoire poussa sur ces smartphones, arrachèrent deux phalanges du majeur des parents avant que les dents en papier de verre ne disparurent comme elles sont apparues.

Les phénomènes sanguinolents se multiplièrent et ne s’arrêtaient plus aux frontières. Les ordinateurs, devenus conscients, ne désiraient plus réussir le test de Turing, ils cherchaient à le casser. Dans un élan de solidarité, les gouvernements unis tenaient des discours pour prévenir leurs peuples respectifs. Ils pensaient bien faire, mais les micros aussi étaient dotées de dents explosives. Les peuples n’étaient pas mieux lotis, puisque les écrans de télévision aspergeaient les téléspectateurs de poudre claire avant de les aspirer vers eux. Désormais, des mâchoires avaient poussé sur tout ce qui pouvait s’apparenter à des rectangles colorés et les plus malchanceux finissaient avec du papier de verre dans le cou. le reste était dévoré de telle façon qu’aucune trace de sang, ni organe, n’était visible. Le pire cas fut celui d’une streameuse qui disparut sans laisser de traces, en plein stream. Son corps entier avait été avalé par son propre matériel informatique. Seuls une poignée de chenilles processionnaires squattaient son apparemment dorénavant.

Aucune police, aucune armée ne pouvait résister à cette amputation collective qui semblait être une punition du diable lui-même. Leurs armes et leurs technologies étaient désormais la propriété de ce qui fut sobrement appelé la mâchoire du diable. Chercher la victime là où elle était, telle restait la technique du prédateur. Empêcher d’autres cibles de devenir victimes en arrachant les ongles tout en déchiquetant les phalanges de celles et ceux qui cherchaient à communiquer était une stratégie redoutable. De temps en temps, on releva des cas particuliers où les écrans n’étaient pas entourées de dents en papier de verre mais de clous rouillés – pratique pour les envoyer dans les yeux ou dans les ongles.

Les mois de crimes sans coupable se succédèrent. Et tout ceci fit le bonheur de la mâchoire du diable dont on ignorait tout. Les attaques se faisaient de plus en plus brutales et cruelles. Le seul indice que laissait les machines après leurs méfaits se résumait un ricanement machiavélique. Toutefois, dans la panique, le peuple qui étaient encore pourvu de vue était aveugle à la nature qui devenait plus verte et au ciel qui devenait plus bleu. De nouvelles espèces de plantes que l’on croyait éteintes revinrent et des insectes autrefois en danger critique d’extinction revinrent en tête de la sélection naturelle.

Une hypothèse fut alors émise : combattre à mains nues, ou avec des armes qui n’étaient pas électriques ou qui n’étaient pas faites de métal. Les forces armées étaient soumises à un rude entraînement afin de riposter. Contre toute attente, cette stratégie porta ses fruits. Les membres perdus des humains amputés ne pouvaient pas repousser mais les différentes civilisations reprirent petit à petit le contrôle de la situation.

Après des mois d’enquête, l’instigateur de l’incident de « la mâchoire du diable » fut retrouvé dans un gigantesque laboratoire souterrain rempli de sang et de membres humains entreposés de façon grotesque. C’était un génie du mal qui avait réussi à utiliser tout ce que la science, les mathématiques et l’informatique avaient fait de mieux pour assouvir ses sombres desseins. La conversation musclée qui confronta ce génie du mal à la patrouille d’élite de la police fut brève.

« Tu penses que tu as le droit d’agir de la sorte parce que tu détestes l’espèce humaine ? Mais est-ce que tu penses que c’est une façon de réagir ? N’as-tu donc aucune limite ? Il y a des innocents, des enfants et des bonnes personnes parmi tes victimes. Tu penses que c’est une façon de combattre la haine sur internet de couper les gens qui se servent de la technologie ? Tu penses qu’on combat la violence par la violence ? Je te poserai la question une seule fois. Quelles convictions prétends-tu défendre, avec la mâchoire du diable ? ».

Sachant qu’il allait finir ses jours au fond d’un cachot puant, le génie du mal répondit par la vérité.

« Je m’en fous moi, j’ai fait ça pour le challenge. »

Alors qu’il se fit embarquer, des fouilles furent réalisées parmi les cadavres du laboratoire. Les experts prirent soin de se défaire de tout ce qui pouvait être électrique et de ce qui pouvait contenir un écran. A l’avant-dernier sous-sol, un expert fit une trouvaille troublante qui ne sera connue de personne. Au milieu d’un champ de plantes carnivores… Une jeune fille ensanglantée, perforée d’épines et couverte de lianes ainsi que d’insectes répugnants, grouillant sur son corps lacéré et mutilé. Vivante.

Hefka Le Nekopunk

Published inEcriturePortfolio

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